Dans le but de contrer l’inflation, la Banque centrale européenne (BCE) a encore une fois augmenté ses taux de 0,5 point de pourcentage, portant le taux des facilités de dépôt à 3%. Toutefois, étant donné le contexte économique et financier actuel plus complexe, les marges pour des hausses futures sont limitées.
Le Conseil des gouverneurs de la BCE a donc pris la décision d’augmenter de 50 points de base les trois taux d’intérêt directeurs à partir du 22 mars 2023, avec des taux respectifs de 3,50% pour les opérations principales de refinancement, 3,75% pour la facilité de prêt marginal et 3% pour la facilité de dépôt. Cette hausse, la sixième depuis juillet 2022, entraîne une augmentation cumulée de 350 points de base. La BCE met en œuvre ce resserrement monétaire important pour lutter contre l’inflation élevée en zone euro et rapprocher celle-ci de son taux cible de 2%.
Une inflation inquiétante en France
En 2022, le taux d’inflation annuel a atteint des niveaux historiquement élevés pour la zone euro, atteignant 5,9% en février et atteignant un sommet de 10,1% en novembre. Bien que l’inflation ait diminué depuis, elle se situe toujours à un niveau élevé de 8,5% en février 2023. Lorsque l’on examine l’inflation corrigée des prix volatils tels que l’énergie, l’alimentation, l’alcool et le tabac, qui est une mesure plus représentative des tendances à long terme, on constate qu’elle continue à augmenter, atteignant 5,6% en février 2023. La hausse des prix affecte maintenant les services et les biens industriels, et les demandes d’augmentation salariale pourraient contribuer à une inflation soutenue dans le temps.
L’augmentation de l’inflation sous-jacente pourrait justifier des hausses de taux futures. Cependant, le contexte économique et financier actuel donne des signes contradictoires, ce qui accroît l’incertitude quant à la poursuite du resserrement monétaire.
Certains établissements bancaires commencent à rencontrer des difficultés en raison de la hausse des taux
La Banque centrale européenne (BCE) a révisé à la hausse ses projections pour la croissance économique en zone euro en 2023, ce qui permettrait la poursuite du resserrement monétaire. Toutefois, des nouvelles provenant des États-Unis pourraient potentiellement changer cette situation. En effet, la récente faillite de trois banques américaines a obligé la Banque centrale américaine (FED) à mettre en place un plan de soutien d’urgence.
Les États-Unis ont connu une hausse de taux monétaires encore plus vigoureuse au cours de l’année passée, ce qui met en difficulté les établissements bancaires les plus fragiles. En Europe, la banque Crédit Suisse fait également face à des difficultés. Cependant, le ministre français de l’Économie et des Finances, Bruno Le Maire, a exclu tout “risque de contagion” pour les banques françaises. La BCE a également confirmé qu’elle disposait d’une panoplie complète d’instruments de politique monétaire pour soutenir, si nécessaire, la liquidité du système financier de la zone euro.
Cependant, il y a un autre facteur qui pourrait rendre moins impérieuses les futures hausses de taux. Lors de sa réunion de février 2023, la BCE a fixé les modalités de réduction de son programme d’achats d’actifs (APP), qui vise à soutenir la croissance économique de la zone euro en achetant des titres de dette souveraine et d’autres actifs. Depuis le début de mars 2023, le portefeuille de l’APP est réduit d’environ 15 milliards d’euros par mois en moyenne, et ce jusqu’à fin juin 2023. Cette diminution progressive des achats d’actifs pourrait avoir un effet haussier sur les taux d’intérêt à long terme, tels que les rendements des obligations d’État à dix ans.
L’impact de l’inflation sur l’immobilier
L’inflation peut avoir un impact sur le marché immobilier, notamment sur les prix des logements. En effet, une inflation élevée peut entraîner une augmentation des coûts de construction et de rénovation, ce qui peut se refléter dans les prix des logements neufs ou rénovés. De plus, une inflation élevée peut inciter les investisseurs à se tourner vers des actifs réels tels que l’immobilier, ce qui peut entraîner une demande accrue et donc une hausse des prix.
D’un autre côté, une inflation élevée peut également avoir un impact sur le pouvoir d’achat des acheteurs potentiels de logements, ce qui peut entraîner une baisse de la demande et donc des prix. De plus, si l’inflation est causée par une augmentation des taux d’intérêt, cela peut rendre les prêts hypothécaires plus coûteux, ce qui peut réduire la capacité des acheteurs à se permettre un logement et donc affecter les prix.
En résumé, l’impact de l’inflation sur le marché immobilier dépend de plusieurs facteurs, notamment de la cause de l’inflation, de la réaction des acheteurs et des investisseurs, ainsi que des politiques monétaires et fiscales mises en place pour contrôler l’inflation.
Article publié le 18 mars 2023